Seigneurs et paysans
Dès le début du XIème siècle, dans une population rurale ne vivant que de la terre, la prépondérance de la noblesse est déjà bien établie : elle jouit du prestige que donnent la richesse, la force militaire et le droit de commandement. Au-delà de la simple défense, le château fort est aussi le moyen d'assurer le contrôle d'un domaine et du plat pays environnant.
Les seigneurs
Le seigneur important, seigneur suzerain, qui a reçu l'hommage de ses vassaux, s'appuie sur un château fort important. Il dispose d'une garnison et d'une troupe mobile susceptible d'intervenir contre les voisins pour la défense comme pour l'attaque.
Les vassaux, déjà propriétaires d'un bien propre, d'un alleu, prêtent hommage et sont rétribués par un fief tenu à côté de leur bien propre. Ils habitent des châteaux plus modestes, maisons rurales fortiques, à partir du XIIIème siècle des 'maisons fortes'. Ils assurent un service périodique chez leur suzerain.
Les gens sans terres, cadets sans héritages et aventuriers, vivent en garnison au château du maître. Ils se mêlent de plus en plus aux alleutiers.
Tout seigneur contrôle sa seigneurie. Fiefs ou alleux, les terres nobles se modèlent sur la seigneurie foncière. La 'potée' (du latin potestas), la puissance, confère au seigneur la plénitude du pouvoir sur les hommes et sur les terres. Il bénéficie de droits en échange de la protection offerte. Il dispose du monopole des équipements collectifs et assure la justice.
Les petits seigneurs se contentent d'une motte féodale.
Motte de Vignerux-Cussy
Les anciennes mottes seigneuriales se repèrent sur les photographies aériennes. Une motte est une butte de terre, située près d'un ruisseau et entourée d'un fossé circulaire d'environ 40m de diamètre. Les mottes pouvaient recevoir une construction en bois. Un petit seigneur devait y rendre la justice pour les petites affaires. Les affaires plus importantes étaient traitées par un suzerain dans son château.
'En 1404 Pierre de Marey, écuyer, tenait en fief en la ville et finage de Visigneroul, les près, avec la justice moyenne et basse, limitée à 65 livres' J. Parain.
Les paysans
Dans la réalité quotidienne, tous les paysans vivent de manière semblable, se consacrent aux mêmes travaux, s'habillent de la même façon, vivent dans des maisons identiques, le plus souvent de type élémentaire avec un mobilier réduit. Ces différences juridiques ont une valeur morale : le serf est inférieur, méprisable.
En droit, subsistent des hommes libres. En fait, en Morvan, les serfs sont l'élément dominant. Attachés au maître et à sa terre, ils doivent une taxe modeste qui symbolise leur situation, le chevage servile. Ils doivent des corvées sur la terre seigneuriale et la queste (exigence de services et de taxes irrégulières). La mainmorte(droit de succession perçu par le seigneur sur les biens de ses serfs)les empêche de disposer de leur tenure.
Le Morvan ne connaît qu'un mouvement tardif et limité d'affranchissement, particulièrement dans les campagnes. Des bourgs s'affranchissent, Moulins-Engilbert fin XIIème siècle, Lormes 1223, Corbigny 1228, Vézelay 1306, Liernais 1327, Château-Chinon 1389.
A partir du XIIIème siècle, le développement des communautés taisibles (réunion de plusieurs générations et de plusieurs familles sur un domaine) et l'usage du bordelage (contrat qui impose à l'héritier la nécessité de vivre au foyer de son père ou grand-père) assurent à la noblesse une main-d'oeuvre stable et abondante sur ses domaines, dans une situation proche du servage traditionnel.
Château de Chandiou
Maison forte de Conforgien
Salle d'arme du château de Bazoche