L'exode rural
Face à l'augmentation de la population du début du siècle, l'agriculture morvandelle, encore archaïque et fondée sur la culture de céréales pauvres (sarrasin et seigle surtout), ne suffit plus pour nourrir les Morvandiaux toujours plus nombreux. La décennie 1850 est marquée par une série de mauvaises récoltes qui entraîne une forte hausse des prix des denrées alimentaires. Cette période est suivie à partir de 1865 d'un effondrement des prix qui empêche les Morvandiaux de tirer de bons revenus de leurs productions agricoles. Les années 1880 sont encore marquées par la chute des prix des céréales ; elles atteignent leur cours le plus bas en 1901.
Mais les crises de l'agriculture ne sont pas les seules causes de l'exode ; c'est toute l'économie traditionnelle morvandelle qui est en déclin. Pour augmenter leurs revenus issus de l'agriculture, les Morvandiaux pratiquent des activités complémentaires. Celles-ci sont principalement liées au flottage du bois et aux migrations saisonnières. Mais dès les années 1840, et surtout à partir des années 1880, le bois de forêt du Morvan qui servait à chauffer les Parisiens est progressivement remplacé par le charbon. L'industrie du flottage s'éteint peu à peu avant de cesser définitivement en 1914. D'autre part, les progrès techniques, en particulier la mécanisation de l'agriculture, mettent un frein aux migrations temporaires et au travail saisonnier. L'agriculture qui se modernise a besoin de moins en moins de bras.
A l'arrivée de la Première Guerre mondiale, le Morvan, pays pauvre, sans industrie ni capitaux, où l'agriculture et la forêt étaient les principales sources de revenus, ne dispose de plus suffisamment d'atouts pour retenir ses habitants. L'exode entamé au cours de la seconde moitié du XIXème siècle s'accentue après le premier conflit mondial et perdure tout au long du XXème siècle.