Seigle
Le Morvan est aujourd'hui un pays d'herbages. Cependant, l'orientation de l'agriculture vers l'élevage charolais a été ici bien plus tardive que dans les plaines périphériques. A la veille de la Première Guerre mondiale, la région était encore le domaine des labours et du seigle, céréale qui venait le mieux sur ces hautes terres froides et peu bonifiées.
Au milieu du XIXème siècle, la paysannerie morvandelle, constituée surtout de micropropriétaires, emblavait entre 12 000 et 15 000 hectares en seigle. A cette époque, le système de la jachère longue dominait. Après une période de culture, la terre était laissée en repos cinq à huit ans, abandonnée aux genêts, aux bruyères et aux fougères et livrée au pacage du bétail. Le terme patois de 'chaintre', fréquent sur les cartes, désigne ces jachères pâturages d'autrefois.
Avec le cochon, le seigle était véritablement au coeur de la civilisation paysanne morvandelle. Il en reste un riche patrimoine, constitué d'outils et d'objets, de techniques et de vocabulaire, que l'on découvre à la Maison du seigle de Ménessaire, la première réalisation de l'écomusée éclaté du Morvan. Tandis que le grain fournissait la miche de pain de ménage, base de l'alimentation traditionnelle, le 'glui' - c'est-à-dire la paille - était la matière première de mille fabrications paysannes. Lié ou tressé, il servait à confectionner toutes sortes de cabas et de corbeilles, les chaises et les tabourets d'étable, les toits coniques des ruches ou bien encore les 'capes' qui protégeaient la tête des vaches liées sous le joug.
Cependant, la destination première de cette paille de seigle était la couverture en chaume, technique dans laquelle les Morvandiaux excellaient et qu'ils allaient mettre en oeuvre jusque dans les bas pays environnants. Le seigle réservé à la chaumière n'était pas battu au fléau mais sur un instrument original appelé 'vache' ou 'âne'. Il importait en effet de ne pas briser la paille et d'égrener totalement l'épi, afin que rats et souris ne viennent pas grignoter la toiture. Le 'glui' était ensuite peigné, puis posé en rangs serrés sur des perches de noisetier entrelacées dans le lattis de la charpente. Malheureusement, fragile au feu, la couverture en chaume constituait un excellent isolant et pouvait résister une trentaine d'années.
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