Ongulés artiodactyles
Les artiodactyles renferment actuellement les plus gros mammifères sauvages de nos régions. Ces ongulés possèdent un nombre pair de doigts, soit quatre (2e à 5e). Seuls les doigts médians (3e et 4e) touchent le sol, les doigts latéraux (2e à 5e), régressés, touchent à peine le sol chez le sanglier, tandis que chez les cervidés, ils sont très incomplets et laissent rarement une empreinte. Chaque doigt possède un sabot, formation cornée qui entoure la dernière phalange.
Seuls les mâles de cervidés de notre faune possèdent des bois. Ces ramures osseuses caduques repoussent chaque année et sont éliminées après le rut (par opposition, les bovidés comme le chamois possèdent des cornes persistantes). Deux à trois mois après leur chute, il y a reformation de cet os cornu. A cette époque, il est recouvert d'un épiderme ' le velours ' qui sera éliminé avant le rut. Ce phénomène est très lié aux rythmes circadiens (éclairement jour/nuit) des saisons.
Ce sont des végétariens exclusifs comme le confirme la structure de leur denture. Seuls quelques taxons, tels les suidés, sont omnivores. Ils possèdent une denture complète et un estomac assez simple (ce sont des non-ruminants). Par contre, les ruminants ont un système digestif complexe et compartimenté en poches séparées (mammifères ' polygastriques ' ) pour utiliser au maximum la cellulose. Ils régurgitent périodiquement des fibres végétales grossières permettant ainsi à l'animal de les mâcher de nouveau. Les aliments végétaux sont dégradés dans des chambres à fermentation grâce à la présence de microorganismes symbiotiques (protozoaires ciliés).
Les artiodactyles ont un comportement plutôt grégaire et la structure sociale de base est constituée de la femelle et de son/ses jeunes. On nomme ' hardes ' ou ' compagnies ' le regroupement de plusieurs groupes familiaux.
Mâles et femelles vivent séparément en dehors de la saison de reproduction. Les naissances surviennent à la belle saison (au printemps) lorsque les ressources alimentaires sont importantes. Les petits, nidifuges, sont capables, après un délai de quelques heures, d'une certaine autonomie et de suivre leur mère.
La Bourgogne et le Morvan accueillent trois espèces d'artiodactyles appartenant à deux familles bien distinctes :
- le sanglier (Sus scrofa), seul représentant de la famille des suidés ;
- le cerf élaphe (Cervus elaphus) et le chevreuil (Capreolus capreolus), représentants de la famille des cervidés.
Ponctuellement, deux autres espèces peuvent faire partie de la faune bourguignonne, il s'agit du daim (Dama dama) et du chamois (Rupicapra rupicapra).
Le daim est plutôt un animal de parc et les animaux lâchés ou ' échappés ' dans la nature ne constituent pas de réelles populations. Historiquement, P. Bert ne le cite pas dans la faune de l'Yonne au siècle dernier, de même que X. Gillot le mentionne uniquement comme une curiosité en Saône-et-Loire au début du siècle. Des enclos à daims existent en Morvan et on peut citer : les enclos de la forêt au Duc, de la forêt de Breuil et celui de la Maison du Parc à Saint-Brisson. Espèce méditerranéenne, il a été introduit dans de nombreuses régions d'Europe. En France, il est peu représenté à l'état libre, et la population la plus importante se trouve dans le ried alsacien.
En ce qui concerne le chamois, ongulé typique de montagne, il fait son apparition de temps en temps dans la Bresse (Saône-et-Loire). C'est le résultat d'individus erratiques en quête de territoire venant de l'Ain et du Jura.
Pour cette étude, les données recueillies proviennent essentiellement des quatre Fédérations départementales des Chasseurs, des gardes de l'Office national de la Chasse, des Groupements d'Intérêts cynégétiques et d'observations de terrain.
Sources de nourriture (apport de protéines sous la forme d'une chair estimée), les ongulés ont été depuis toujours très convoités par l'homme, et ses prélèvements ont eu un impact direct indéniable sur leurs effectifs. Au XIXème siècle, les sangliers étaient pourchassés entre autres pour se préserver des dégâts qu'ils occasionnaient aux cultures, mais également pour éviter la concurrence alimentaire avec les cochons domestiques qui menaient une vie à demi-sauvage dans les forêts (exploitations des glandées et des fainées). La pression de chasse trop élevée, le braconnage et les facilités de stockage de la viande (congélation), ont entraîné la raréfaction de ces grands mammifères dans bon nombre de secteurs bourguignons et particulièrement le Morvan. Grâce à la mise en place de plans de chasse obligatoires sur l'ensemble du territoire national en 1978 pour les cervidés, à la constitution de Groupements d'Intérêts cynégétiques sangliers (G.I. C.), à des repeuplements et réintroductions qui ont renforcé les populations, la grande faune est de nouveau bien présente.
Actuellement, en l'absence des grands prédateurs capables de s'attaquer aux cervidés et aux sangliers, l'homme joue donc un rôle primordial dans la ' gestion ' de la grande faune française. Les mesures actuelles mises en place visent à concilier le monde de la chasse avec le monde agricole et forestier (recherche d'un équilibre agro-sylvo-cynégétique).
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