Lagomorphes
Lapins et lièvres étaient classés jadis parmi les rongeurs (cités dans P. Bert, 1858 et X. Gillot, 1910). Mais en réalité, ils font partie d'un ordre particulier : les lagomorphes. Ce n'est qu'après 1910 que plusieurs caractères identifiés ont permis de les séparer des rongeurs. Lièvres et lapins possèdent une seconde paire d'incisives, à l'état de moignons, juste derrière les deux grandes incisives de la mâchoire supérieure. Les premières incisives, de même que les prémolaires et molaires sont à croissance continue. L'existence d'un diastème (absence de canines) résulte d'une spécialisation alimentaire : un régime herbivore analogue aux rongeurs. Les lagomorphes ont donc la formule dentaire suivante : I 2/1, C 0/0, P 3/2, M 3/3 soit 28 dents.
Les données paléontologiques et biochimiques tendent à confirmer l'absence de parenté entre rongeurs et lagomorphes.
Il existe une quarantaine d'espèces de lapins et lièvres dans le monde formant un groupe morphologiquement et écologiquement homogène. Ces mammifères sont facilement reconnaissables grâce à leurs grandes oreilles mobiles, une queue courte et des membres postérieurs bien développés adaptés au saut et à la course rapide.
Le système digestif des lagomorphes est très modifié pour permettre d'optimiser l'assimilation de grandes quantités de végétaux. L'intestin a un gros cæcum qui contient une flore bactérienne facilitant la digestion de la cellulose. En avalant une partie de leurs fèces, on assiste à un second passage des ' aliments ' à travers le tube digestif augmentant ainsi de 50 % le séjour des aliments dans l'organisme et limitant les pertes nutritionnelles telles que la vitamine B 12 (phénomène appelé cæcotrophie). On a donc deux types de crottes : les crottes molles ou cæcotrophes, enrichies en bactéries et en protéines, réingérées directement ; et les crottes dures, sèches, déposées directement au sol (crottes observées sur le terrain).
En France, les lagomorphes sont représentés par une seule famille : les léporidés, et deux genres : le genre Lepus : L. capensis, le lièvre commun et L. timidus, le lièvre variable et le genre Oryctolagus : O. cuniculus, le lapin de garenne.
Le lièvre variable étant une espèce typiquement montagnarde, il n'existe en Bourgogne et en Morvan que le lièvre commun et le lapin de garenne.
Une autre espèce peut ponctuellement faire partie de la faune bourguignonne, il s'agit du lapin de Floride ou lapin américain - Sylvilagus floridanus. Cette espèce allochtone, issue d'élevages et de lâchers clandestins, n'a pas fait souche dans la région.
Les lapins, espèces très prolifiques, ont été associés très rapidement à l'activité humaine. Dès l'époque romaine, le lapin de garenne a été domestiqué pour donner une cinquantaine de races domestiques.
Les causes de mortalité et de variations d'abondance des lagomorphes sont diverses et, la plupart du temps, la résultante directe ou indirecte de l'homme.
Le lapin, anciennement très abondant, était classé parmi les espèces dites ' nuisibles ' (il l'est encore actuellement dans certaines régions de la Nièvre et le département de l'Yonne). L'introduction en 1952 du virus myxomateux dans le département de l'Eure-et-Loir par le Dr Delille est une catastrophe pour ses populations. En moins d'un an, l'épizootie se propage et atteint les départements de l'Yonne, la Nièvre et la Côte-d'Or. Actuellement, des vagues de myxomatose sont constatées régulièrement (surtout en fin de l'été, époque où pullulent les puces qui véhiculent le virus). Cette chute des populations a entraîné les prédateurs dont le putois essentiellement à effectuer un report de proies sur les rongeurs. De même, les chasseurs se sont focalisés sur d'autres espèces ' gibiers ' tel le lièvre, chez lequel l'augmentation de la pression cynégétique n'a pas été sans conséquence sur ses effectifs. D'autres maladies atteignent l'espèce comme la coccidiose et le VHD (nouvelle maladie virale).
Lièvre et lapin sont chassés et leurs populations sont très liées à la pression cynégétique. Actuellement, les fédérations de chasseurs ainsi que les sociétés de chasse essayent de ' gérer ' les populations en limitant les tirs, en aménageant des ' garennes artificielles ' ou/et en les renforçant.
Les modifications paysagères du Morvan dues à la déprise agricole : abandon des cultures pour les prairies permanentes, le sapin de Noël, les friches ou bien le boisement ne sont pas sans conséquence sur les capacités d'accueil des territoires des lagomorphes, et il serait souhaitable de rester vigilant envers le devenir de leurs populations.
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