Charron
Ce n'est que très tardivement, généralement après 1950, que se développe la mécanisation du Morvan. Pourtant introduit trente ans plutôt dans d'autres régions de France, le matériel agricole mécanique (surtout américain) n'était en effet pas adapté aux petites tailles des parcelles agricoles du Morvan. C'est, entre autres, ce qui explique que le charron, au même titre que le maréchal-ferrant, reste encore un personnage indispensable dans le village morvandiau au milieu du XXème siècle. Celui-ci répare et entretient le matériel, fabrique les roues des chariots et des charrettes ainsi que les jougs des bovins.
Contrairement au charpentier qui travaille le bois alors qu'il est encore vert, le charron doit faire sécher le bois qu'il souhaite façonner. Avant même le séchage, le bois doit subir une autre opération : le 'dessévage'. Il s'agit d'immerger le bois dans une eau courante ou stagnante. Ce n'est qu'après ces opérations de 'dessévage' puis de séchage, que le charron peut utiliser scies à refendre, à chantourner, rabots et riflards, bouvets, varlopes et autres ciseaux et gouges qui composent son outillage, pour réparer entre autres les charrettes si utiles aux paysans, aux galvachers, aux bûcherons.
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La charrette morvandelle
Qui connaît un peu le vaste réseau des chemins du Morvan qui relie champs, écarts, hameaux, villages, bourgs et villes à travers les forêts et les bocages, peut facilement imaginer le savoir-faire acquis de nos charretiers et charrons. Ces chemins, montant et descendant à flanc de collines, parsemés d'ornières, de ruisseaux, de granites, jamais plans et souvent étroits, ont justifié la réputation des charretiers morvandiaux et des galvachers. Seuls des attelages de vaches ou de boeufs dressés conduits par des éleveurs expérimentés passaient là où les chevaux échouaient, avec cette charrette à deux roues très maniable.
L'art du charron, adapté à la demande, aux remarques des conducteurs d'attelage et des paysans, fit un matériel indispensable et ingénieux du Morvan.
Un timon ou une aiguille d'environ 5,30 m pour l'attelage de vaches, 5,60 m pour l'attelage de boeufs, supporte un châssis, composé de montants et de traverses mortaisés de 2,35 x 0,90 m en moyenne, encadré de deux roues, souvent de 14 rais et de 1,30 m de diamètre cerclées.
Sur les châssis, s'encastrait un système de ridelles latérales. Chaque charrette avait un jeu numéroté de traverses, planches et piques. En quelques minutes, vous transformiez le système de ridelle selon l'usage souhaité :
4 piques-bas ou 'éfouinces' et une traverse pour transporter des bûches
4 piques-haut, 3 piques bas intermédiaires pour transporter le foin
4 piques-bas, planches et petites tiges métalliques pour transporter pierres, fumier...
La traverse arrière du châssis pouvait recevoir un système de brellage ou 'tor' pour fixer, à l'aide de cordes, une perche sur le foin entre le tor et le bout de l'aiguille. Une encoche sur l'avant du montant gauche du châssis recevait la cognée.
Il est important de remarquer que la longueur moyenne du châssis qui a pu être relevée sur plusieurs exemplaires est de 2,30m à 2,35m, ce qui correspond à deux longueurs de moulée, (la taille réglementaire des bûches pour le flottage du bois était de 1,14m).
Solide, petite, polyvalente, passant partout et très maniable (à l'image de l'ancienne race rouge morvandelle), elle fut très longtemps utilisée en Morvan dans les bocages et chemins étroits, dans des coupes forestières difficiles et pentues mais aussi sur les chemins des galvachers.
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