La plèchie est une technique d'entretien des haies vives qui consiste à inciser, coucher et entrelacer des branches vivantes entre des pieux afin de former une clôture et de favoriser la reprise de la végétation. Pratiquée pendant des siècles dans le Morvan, elle reste aujourd'hui une pratique pertinente pour préserver les haies, le bocage, la biodiversité et les sols.

L’histoire du Morvan agricole et de la micropropriété qui l'a longtemps caractérisé se lit encore dans le paysage.

Ses très nombreuses petites parcelles cultivées étaient toutes clôturées par des haies (« trasses, brosses, bouchures»), pour la plupart «plèchées» (ou pièchées / plessées). Cette technique traditionnelle barrait efficacement le passage des bêtes pour éviter les dégâts dans les cultures, et fournissait bois de chauffage et fagots, en sus des chênes et arbres fruitiers laissés dans les haies. Elle est attestée dans le Morvan au moins depuis le Moyen Âge.

Elle subsiste largement jusqu’aux années 1960-70, la majorité des terres étaient cultivées et les haies plessées, avant la mécanisation, l'arrivée du barbelé et surtout la spécialisation dans l’élevage naisseur de Charolais qui transforma les champs en prairies. Mais une partie du bocage subsiste et les haies et les bords de chemins dévoilent encore aujourd'hui des milliers d’arbres adultes couchés ou tordus (les vieux "pièchons"), témoins d’anciennes pièchies.

Le linguiste Claude Regnier a mené de nombreuses enquêtes sur les parlers du Morvan. Il en ressort que "les haies ont joué un rôle primordial dans l'économie morvandelle : les hommes passaient une grande partie de leurs journées d'hiver à les entretenir. Ainsi, il existe tout un vocabulaire de la haie [en bourguignon-morvandiau]" (Les Parlers du Morvan, 1979).

Selon l'aire géographique en Morvan, plesser se dit piècher, plècher, plécher, piècer, coucher, fiécher ; l'arbuste plèché est une pièchie, un pièchon, piècha, pléchê, pléchais. Entre les pieux, les arbres incisés sont entrelacés ou fouessés, empeillés, faussés, fausseillés.

Les outils utilisés sont la serpe et la cognée, le volant ou le croissant et le vouve ou goujard (serpe à long manche), dotés d’un ergot pour entrelacer les épineux sans risque.

Depuis 2009,le Parc du Morvan et l'association «Les Plècheux du Morvan » organisent chaque année, sur tout le territoire, des ateliers de transmission de la plèchie, ouverts à tous. Un savoir-faire qui a toute sa place dans le monde contemporain : simple et écologique, économique, car sans apport de matériaux et durable, esthétique et pratique. Les ateliers permettent d'apprendre le geste, d'exercer son oeil, mais aussi d'échanger sur les pratiques agricoles, les usages et atouts écologiques de la haie et du bocage, et simplement, de rencontrer d'autres habitants du Morvan en toute convivialité.

Pour en savoir plus sur le Mois de la Plèchie et pour vous y inscrire, rendez-vous sur le site du Parc.