Les nourrices du Morvan
Le Morvan a été longtemps un territoire réputé pour ses nourrices. Il a existé deux types de nourrices : les « nourrices sur place » qui accueillaient les enfants pour les élever dans leur ferme morvandelle et les « nourrices sur lieu » qui allaitaient le nourrisson au domicile des parents, pour la plupart à Paris. Très lié à la capitale, notamment par l’industrie du flottage, le Morvan devint le principal fournisseur de nourrices. Le phénomène se développe au 19e siècle, avec le développement de la bourgeoisie.
Vers 1860, la « nourrice sur lieu » gagnait le double du salaire de la nourrice qui allaitait à domicile, sans compter les cadeaux et les avantages en nature. Parfois, la nourrice prolongeait son séjour après l'allaitement comme « nourrice sèche » ou comme bonne.
Parallèlement, le territoire accueillit en masse des enfants de l'Assistance publique de la Seine. En 1880, l'agence de Château-Chinon était la plus importante de France avec trois mille enfants placés annuellement. On estime à 150 000 le nombre d’enfants de l’Assistance placés dans le Morvan entre la fin du 18e siècle et les années 1970.
Les rémunérations liées à l’industrie nourricière ou à l’accueil d’enfants fournirent un complément de ressources indispensable aux familles du Morvan, retardant ainsi leur exode rural et facilitant l'accession de certaines à la propriété.