Le flottage du bois en Morvan
Au 16e siècle, en raison de l'essor de sa population, Paris manquait de bois, seule source de chauffage pour les particuliers mais aussi les boulangers, artisans, etc... Les forêts alentours ne pouvant plus fournir de bois, le Morvan fut retenu pour assurer un approvisionnement pérenne et régulier de la capitale. Ainsi de 1550 aux années 1850 (arrivée du charbon), le Morvan a été aménagé et vivait principalement au rythme de cette «industrie», appelée « flottage à bûches perdues ».
Les paysans-bûcherons, par furetage, coupaient les arbres sélectionnés, débitaient les moulées (bûches d’1,14m), les empilaient avant de les charroyer avec la fameuse charrette du Morvan jusqu’aux « ports de flottage », simples prés au bord des rivières et ruisseaux. Ré-empilée au port de flottage, chaque bûche était marquée avec un marteau au sigle du propriétaire. Au printemps, à dates fixes, elles étaient jetées dans les rus, ruisseaux, rivières du Morvan, gonflés par des “lâchers” répétés mais synchronisés de centaines d'étangs dit de flottage, en amont (dont Les Settons). Ces tapis de millions de bûches étaient portés par ces crues artificielles, surveillées par les “poules d’eau” avec leurs fameux “crocs de flottage”.
Les deux principaux "axes" en Morvan étaient l'Yonne et la Cure et leurs affluents. Une bûche pouvait parcourir les 80 km de Château-Chinon à Clamecy en 24 h. Arrivées à Clamecy (Yonne) ou Vermenton (Cure), les bûches, après tricage, triage et séchage, étaient assemblées par radeaux, dit train de bois, de 70 mètres par 4 mètres pour naviguer sur l'Yonne puis la Seine jusqu’à Bercy, les Invalides..
Cette “industrie” mobilisait une grande partie de la population (hommes, femmes, enfants, personnes âgées) durant plusieurs mois de l’année, en dehors de ceux réservés aux travaux agricoles. En sus des travaux forestiers, les nombreux cours d'eaux, berges, digues, étangs, biefs de moulins, ponts …se devaient d’être entretenus, empierrés comme tous les chemins escarpés qui menaient des coupes aux ports de flottage. En 1804, 600 000 stères en provenance du Morvan furent “flottés” vers Paris. Le dernier «flot» de bûches en Morvan, se vit sur la Cure en 1923.