Loutre d'Europe
Lutra lutra
Tête+corps : 600-850 / 600-750 mm ; queue : 350-550 / 300-400 mm ; poids : 7-12 / 5-8 kg
Morvan : lai loûte, leûre ou loure. Anglais :otter. Allemand : Fischotter. Hollandais : otter. Italien : loutra.
D'un pelage entièrement brun-fauve avec le dessous du cou blanchâtre, la loutre est devenue le symbole de la qualité des eaux pures. L'allure générale est très hydrodynamique, sa forme fuselée et ses pieds palmés en font le mustélidé français le mieux adapté au milieu aquatique. Elle présente un dimorphisme sexuel important, le mâle pouvant peser le double de la femelle.
La loutre évolue dans les lacs, étangs, marais, cours d'eau (du ruisseau au fleuve), estuaires et côtes maritimes. Elle ne fréquente plus que les milieux aquatiques les moins dégradés.
Amateur de poissons, ce carnivore consomme par jour environ 10 % de son poids corporel soit 0,5 à 1,5 kg de nourriture. Les poissons peuvent représenter jusqu'à 90 % de son régime. Son choix s'oriente sur les proies faciles et abondantes, surtout des petites proies (poissons de 10 à 20 cm). Dans le Massif central, R. Libois a analysé les épreintes (crottes) au cours d'un cycle annuel. Le régime alimentaire est dominé en nombre par les espèces benthiques (poissons de fond) de petites tailles : le chabot, l'épinoche, le vairon, la loche et le goujon. Par contre, en terme de biomasse, la truite, les cyprinidés de grande taille et les vertébrés homéothermes constituent l'essentiel de la ration alimentaire. La loutre consomme saisonnièrement des grenouilles au printemps, des couleuvres et des insectes en été. C'est un animal opportuniste qui exploite le fond et les berges des cours d'eau.
La loutre a une activité essentiellement nocturne dans nos régions. Par contre, en Ecosse, on a plus de chance de l'observer car l'espèce est plus crépusculaire. Les dimensions des territoires sont variables selon les régions, les milieux et les sexes. En Auvergne, le territoire d'un mâle avoisine 30 km de cours d'eau tandis que celui de la femelle n'en compte qu'une dizaine. La reproduction peut avoir lieu toute l'année et la femelle donne naissance à un ou deux jeunes par an (exceptionnellement trois) dans un terrier appelé 'catiche'. Toujours difficile d'accès, l'entrée est souvent sous l'eau et mène à une chambre munie d'un trou d'aération en retrait de la berge. Des feuilles et des petites branches forment la litière. Les catiches sont généralement aménagées à partir de terrier d'un autre animal dans le système racinaire volumineux d'un feuillu ou sous une roche. Les jeunes s'émancipent au bout d'un an environ. Les loutrons sont chassés par la mère et atteignent leur maturité sexuelle vers l'âge de deux à trois ans. La durée de vie est de dix à quinze ans.
Au cours du XXème siècle, sous l'accroissement de la pression humaine, les populations françaises de loutres ont progressivement disparu d'Est en Ouest. Actuellement, elles sont encore présentes de façon notable dans les départements de la façade atlantique et dans le Massif central. La loutre était commune en Morvan jusque dans les années 1950. Présente sur l'ensemble du réseau hydrographique à cette période, ses effectifs ont commencé à décliner sérieusement. Cette lente disparition correspond à une recrudescence du piégeage incité par la prime à la peau dans les années 1940-1950. Ce moyen de destruction a été le principal facteur de raréfaction de ce mustélidé en Morvan comme dans beaucoup de régions françaises et communautaires. M. Bourand cite un garde-chef de Château-Chinon ayant détruit onze loutres au même endroit au cours de l'hiver 1955-1956... Le développement de la pêche à la ligne, la création de six grands réservoirs pour la régulation des eaux ou pour des réserves d'eau potable, le recalibrage de cours d'eau, un réseau routier dense sont des facteurs complémentaires à prendre en compte dans la disparition progressive de l'animal. Les deux dernières données datent de 1985, en aval du réservoir de Pannecière, des épreintes et des traces ont été observées et confirmées par Ch. Bouchardy et, de 1989, au nord-est du Morvan à proximité d'un petit cours d'eau où un jeune mâle a été trouvé mort à la suite d'une collision avec un véhicule. Malgré une protection intégrale depuis 1972, les effectifs de la loutre ne se sont pas reconstitués. Même si les dernières campagnes de prospection ont été vaines, les témoignages récents de traces et ' d'individus vus ' nous rendent optimistes.
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