Fermes 1900
La fin du XIXème siècle et le début du XXème siècle sont des périodes où beaucoup de fermes sont rehaussées, rallongées, reconstruites avec les pierres d'anciens bâtis ou construites telles que nous les voyons aujourd'hui.
Après une vague d'exode rural tardive en Morvan, les agriculteurs qui sont restés connaissent une époque de progrès. La surface des exploitations restantes est plus grande. La polyculture se développe ainsi que l'élevage bovin, les moyens financiers s'améliorent comme les techniques. Malgré une baisse de main6d'oeuvre, plus d'hectares de champs et de prés, signifent plus de récolte et de bêtes pour le trait, le lait et surtout pour vendre aux emboucheurs des plaines environnantes.
Tout en gardant le principe d'une ferme-bloc abritant séparément la partie habitat et dépendances, et avec les mêmes matériaux, la ferme morvandelle s'agrandit.
La grange s'élargit pour y mettre le matériel nouveau. Le fenil prend du volume. Une grange séparée peut être construite à proximité. L'étable doit accueillir l'hiver plus de vaches et de boeufs avec une ou deux crèches. Parfois on ajoute une deuxième étable, une écurie ou une bergerie.
L'habitat reçoit plus de lumière : deux fenêtres encadrant la porte d'entrée pour la pièce principale et surtout une fenêtre pour chaque chambre.
Dans la cuisine, la pierre d'évier est conservée ; l'eau vient du puits ; la lessive est faite au lavoir. Le mobilier s'accroît : armoire, horloge, buffet. Pour les sols, la terre battue cède la place à un carrelage de tomettes. La vie s'organise autour de la grande cheminée flanquée d'un four à pain. Donc plus de confort et moins d'humidité.
L'ardoise d'Angers remplace petit à petit la couverture en chaume en paille de seigle, trop sujette à l'incendie et coûteuse en assurances. Beaucoup de toits prennent avec l'ardoise une pente moins raide. Et si la hauteur d'origine de la faiture est maintenue, on rehausse les murs de façade et modifie la charpente pour obtenir des toits moins pentus, des greniers plus spacieux ventilés par de petites ouvertures oblongues.
Au-dessus des plafonds à la française, le grenier est donc plus grand et plus haut. Son sol est carrelé sur une dalle de terre et on y garde les réserves de grain. Cette isolation remplace celle que fournissaient les anciens toits de chaume.
Extérieurement, un escalier de pierre donne accès au grenier, souvent en mur pignon. Les toitons en pignon abritent les porcs et les volailles ainsi que le cul du four à pain.
Cette période voit l'essor des caves, sous l'habitat le plus souvent, auxquelles on accède par un escalier en façade proche de la porte d'entrée.
Les nombreux artisans locaux (maçons, tailleurs de pierre, menuisiers, charpentiers, couvreurs), les maçons itinérants (venus d'Italie ou de Creuse) continuent à utiliser les matériaux du cru : bois, arène, pierre. Sur les marges du Morvan, on peut utiliser le calcaire, mais la pierre dominante est bien sûr le granit, extrait de petites carrières locales ou de carrières plus importantes (La Roche en Brenil, Lormes, Forêt de Breuil...)
Outre les ardoises, seule la chaux (peu produite localement, sauf en marge) doit être importée. La chaux sert à maçonner les murs, à badigeonner les pièces et les façades en couleurs et les étables en blanc.
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