Transmettre le savoir
La famille et le voisinage sont les principaux lieux de transmission du savoir oral, légué de génération en génération. Les formes de transmission du savoir populaire sont le plus souvent l’observation, la participation, le dit et l’écrit. On s’initiait à l’usage des plantes en observant les pratiques autour de soi. «On apprenait rien de spécial, on regardait faire, pis c’était comme ça qu’on savait. » Pris dans la danse des innombrables activités quotidiennes, les jeunes participaient à la mise en œuvre des différents savoir-faire. «Je suivais ma grand-mère partout. Ah! Elle, elle aurait pu vous en dire des choses... Je l’aidais à ramasser les herbes, des herbes pour les lapins, pour se soigner, pour manger... Il fallait aider à tout en ce temps là, quand on était gamin. Maintenant je fais des choses comme elle. Je ne sais pas pourquoi. C’est comme ça. » On écoutait avec attention les diverses expériences des anciens. Le fonds commun des savoirs populaires incorpore de nouvelles connaissances par l’apport de l’écrit et d’échanges divers. Plusieurs pratiques sont empruntées à la littérature, puisées aux carnets de recettes familiaux, aux ouvrages de colportage qui circulaient dans les campagnes comme l’illustre «Médecin des Pauvres ». Érudits, instituteurs, nobles, religieux, professionnels de la santé, autodidactes ou encore rebouteux ont contribué à diversier les savoirs.
L’évolution de la société du XXe siècle a entraîné une déstabilisation de l’économie rurale, accompagnée de la déstructuration du groupe domestique et villageois. Aussi, le processus de la transmission s’en trouvat-il progressivement menacé. Dans le même temps, une culture moderne dominante effrite les fondements du fonctionnement de la société rurale, dès lors investie de nouvelles valeurs et de pratiques. Les nouveaux modes de vie engendrent la rupture de transmission des savoirs. «Tout a tellement changé, c’est incroyable! C’est pas imaginable! D’ailleurs quand je raconte ça aux jeunes, ils ne veulent pas y croire. Ils ne s’y intéressent même pas... Voyez, les plantes, je leur en cause même pas, ils se moqueraient. »
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