Préfaces
Préface du Dr René-Pierre Signé
Président du Syndicat mixte
du Parc naturel régional du Morvan
Fidèle aux missions du Parc naturel régional du Morvan, cet ouvrage réconcilie patrimoines naturel et culturel, trop souvent séparés. Au-delà des clichés, ce livre invite à une meilleure compréhension des savoirs sur l’environnement végétal. Quand la plante devient aliment, remède, outil ou symbole, elle est le fruit de notre culture. Afin de sauvegarder cette mémoire des hommes et leurs relations avec le végétal, le Parc naturel régional du Morvan s’est engagé depuis plus d’une dizaine d’années dans un programme de recherches qui, à la demande du Conseil Régional et de la D. R. A. C., a été étendu à l’ensemble de la Bourgogne.
L’exposition itinérante restituant ce travail, intitulée «Savoirs en Herbes, de la cueillette à l’usage», circule en France depuis 1990. Il y manquait cet ouvrage pour satisfaire la demande grandissante du public, désireux de renouer avec la culture locale et son environnement végétal. Face à l’érosion des savoirs populaires, l’urgence a conduit à recueillir les témoignages auprès de nos anciens. Qu’ils reçoivent ici mes plus vifs remerciements pour l’accueil qu’ils ont réservé à cette enquête et les connaissances empiriques qu’ils ont bien voulu transmettre. Depuis des générations, la tradition orale et les pratiques relatives aux usages et représentations des plantes se sont perpétuées et enrichies au fil du temps. Véritables témoins d’un fonctionnement culturel, elles ont été fortement affadies voire effacées par l’évolution technique et sociale de ces dernières décennies. Ce livre pourra, je l’espère, contribuer à rendre intelligibles les rapports étroits et parfois subtils qu’entretenaient les anciens avec l’environnement naturel. Plus qu’un recueil de savoirs, ce travail constitue un essai d’interprétation culturelle, qu’il s’agisse de la relation à l’espace, au temps vécu, à la représentation de la nature. Mémoire de nos lointaines racines, il témoigne de la quotidienneté morvandelle et bourguignonne.
Ces travaux se situent dans la mouvance de programmes ethnobotaniques soutenus par d’autres parcs naturels régionaux et je m’en félicite. Si plusieurs d’entre eux ont mis en œuvre des projets de développement économique, le Parc naturel régional du Morvan a aussi engagé diverses opérations en ce domaine. Après avoir assuré une formation permettant la production de plantes médicinales, il a participé à l’installation de Morvan-Plantes, groupement de producteurs.
Outre la valorisation économique, le Parc s’est engagé dans une politique pédagogique qui a donné naissance à diverses activités de découverte de la flore. Afin d’illustrer in situ la variété floristique de nos milieux naturels et quelques usages locaux, l’Herbularium, jardin botanique de la Maison du Parc à Saint-Brisson, accueille chaque année bon nombre de visiteurs. Il s’intègre dans notre dispositif de restitution muséographique, l’Écomusée éclaté du Morvan. Dans le souci de réactiver la culture morvandelle et de montrer ce qui relie sans cesse l’homme à la nature, cet écomusée comprend la Maison du Seigle, la Maison des Galvachers et la Maison Vauban. Dans les toutes prochaines années les rejoindront la Maison de l’Élevage et du Charolais, la Maison des Enfants Assistés et des Nourrices, la Maison de l’Eau et du Bois ainsi que la Maison Centre à Saint-Brisson.
Cet ouvrage devrait sensibiliser à la protection et à la gestion des milieux naturels, où s’épanouissent ces plantes compagnes de l’homme. La qualité et la diversité des paysages morvandiaux et bourguignons offrent 1776 espèces végétales, dont 157 plantes protégées par la loi. Les recherches ont permis de recenser les représentations et usages de 360 d’entre elles, soit plus de 20% de la flore bourguignonne! Sources, rivières, tourbières, prairies, pelouses, landes, friches, falaises, bocages et forêts profondes sont autant de refuges pour ces plantes qui ont livré leur secret. C’est pourquoi il convient avec l’effort de chacun de préserver cette diversité naturelle, culturelle et fonctionnelle.
J’exprime ma profonde reconnaissance à tous les partenaires qui ont permis la réalisation de cette recherche et de cet ouvrage. L’appui scientique et financier du Conseil Régional de Bourgogne, de la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Bourgogne ont été particulièrement précieux. Les recommandations autorisées de Pierre Lieutaghi, qui nous a fait l’honneur de rédiger l’introduction, ont guidé avec rigueur et pertinence l’enquête ethnobotanique et son analyse. Je lui adresse toute ma gratitude.
Je tiens vivement à exprimer ma reconnaissance à Capucine Crosnier, à qui nous avons coné entre 1986 et 1991 ce programme de recherches en collaboration avec M. Jean-Claude Nouallet, ainsi que la réalisation de l’exposition «Savoirs en Herbes», et du colloque «La Plante et le Corps» à Saint-Brisson. Ces travaux ont été poursuivis par Capucine Crosnier, soutenus par la Mission du Patrimoine Ethnologique du Ministère de la Culture et par l’Association des Lauréats des Prêts d’Honneur de la Fondation de France, dans le cadre de la préparation d’une thèse de doctorat. Le regretté Jacques Barrau, professeur et sous-directeur du Muséum National d’Histoire Naturelle, en assurait la direction. Il se serait réjoui de ces quelques pages d’histoire naturelle populaire de Bourgogne, comme il aimait à le formuler.
À la suite des ouvrages déjà produits à ce jour, j’encourage toute l’équipe du Parc naturel régional du Morvan, le directeur René Girod et le Comité scientique à poursuivre l’édition de publications liées et nécessaires à notre politique environnementale et culturelle. Mes vifs remerciements s’adressent à toute l’équipe, notamment à Daniel Sirugue pour la coordination de l’édition de ce livre et à Muriel Boudard pour ses dessins champêtres. Enfin, je suis particulièrement sensible à l’obligeance de Nadine Jarentowski, pour ses aquarelles.
Aussi, me reste-t-il à vous inviter à déchiffrer les signes d’une nature enchanteresse, vécue à travers la mémoire collective, précieuse pour notre patrimoine environnemental et culturel.
Saint-Brisson, le 21 novembre 1998.
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Préface de François Portet,
Direction Régionale des Affaires Culturelles de Bourgogne.
La cueillette, acte banal pour ceux qui ramassent aujourd’hui champignons et baies, constitue aussi un système de pratiques de prélèvement et d’utilisation du végétal qui nous sont devenues étrangères. La plupart des sociétés rurales ont en commun la connaissance d’un grand nombre de plantes et savent les utiliser à des fins médicinales, alimentaires, domestiques,... Pour preuve, le présent ouvrage recense 360 espèces connues des informateurs bourguignons!
L’ethnobotaniste, sans se départir d’une approche rigoureuse de la flore, procède au recueil méticuleux des savoirs et s’attache à leur compréhension globale, sociale et culturelle. Pierre Lieutaghi, avec quelques ouvrages qui ont fait date: «Les simples entre nature et société», «L’herbe qui renouvelle»..., a tracé la voie et jeté les bases d’une discipline ethnobotanique sur le terrain français. Il a toujours rapproché les usages et les sociétés qui les ont générés.
Capucine Crosnier a développé cette démarche par des enquêtes fructueuses, dans le cadre du Parc naturel régional du Morvan. Encouragée par la diversité des savoirs, elle a étendu ses investigations à d’autres pays bourguignons. Recueillis au seuil de l’urgence, les témoignages nous livrent ainsi une mémoire séculaire.
Je me réjouis de voir publier ce travail ethnobotanique, déjà connu du public grâce à l’exposition «Savoirs en herbe», du Parc naturel régional du Morvan. Il nous offre ici un beau thème de découverte, rencontre des hommes et de leur patrimoine végétal.
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