Les douleurs, fièvres et nervosité
Les «douleurs» ou rhumatismes
Les douleurs désignent le plus souvent les affections rhumatismales dont sont atteintes de nombreuses personnes exposées au froid et à l’humidité. Les infusions de Frêne, Reine des prés, Cassis, Céleri, Millepertuis perforé ou Lierre terrestre endiguent les douleurs, souvent apparentées aux rhumatismes. On enveloppe les parties atteintes de feuilles de Chou passées au four ou de feuilles de Bardane parfois trempées quelques minutes dans du lait bouillant. Certains se frictionnent d’alcoolature de Millepertuis perforé. Les cataplasmes de feuilles de Cresson des fontaines, de feuilles et fleurs d’Ortie blanche, ou encore d’Avoine chauffée et arrosée de vinaigre apaisent les souffrances. Il est recommandé de baigner les zones corporelles éprouvées avec une infusion de fleurs de Sureau noir.
Dans le Brionnais, quelques uns confectionnent un onguent apprécié: «On ramasse les fruits de Laurier sauce qu’on met dans l’huile. Les vieux se frictionnaient avec ça, quand ils avaient des rhumatismes». Les fleurs de «Bruyère», vraisemblablement la Callune fausse bruyère, sont utilisées en usage interne en infusion et en usage externe en friction: «Mettre des fleurs de Bruyère dans du vin rouge. Laisser macérer. Ça calme les douleurs, les rhumatismes». Enfin, parmi les témoignages des plus courageux, sont à mentionner les flagellations d’Ortie dioïque, parfois d’Ortie blanche.
Ainsi, l’échauffement combat la douleur, comme en témoigne la pratique suivante: «Pour les douleurs, un genre de rhumatismes, on passait une pointe de feu dedans». Le traitement préventif implique une hygiène de vie particulière: «Les paillasses de Maïs, ça faisait du bien pour les rhumatismes. Ça faisait du bien au dos. Les vieux se sentaient bien avec ça». La diététique populaire conseille de manger les jeunes feuilles d’Ortie dioïque en salade afin de calmer ou de se préserver des douleurs.
Mal aux reins, sciatiques et lumbagos
À ces maux ne correspondent que des remèdes externes dont le but est de chauffer la zone douloureuse. Pour le mal aux reins, par exemple il était d’usage de «récupérer de la graine de foin, ou “pousso de foin”, de la faire chauffer dans une marmite avec quelques gouttes de vinaigre et de la mettre autour des reins dans un linge». En pays calcaire, certains déterraient la racine de Tamier commun qui passait pour un «remède miracle»: «Les vieux se frottaient les reins avec. Ils faisaient un ou deux tours avec une ceinture de flanelle contenant la racine». Une pommade à base de Scrofulaire noueuse aurait également guéri des lumbagos. Les frictions d’Ortie dioïque obéissent à la règle «guérir le mal par le mal»: «Quand on a un lumbago, rien de tel que de se passer, se taper avec des Orties dessus, ça échauffe! ». On dit encore qu’il faut, notamment en cas de sciatique, «se frotter avec une bonne touffe d’Orties, quelques feuilles jeunes, pour que ça forme une grosse plaque rouge qui réchauffe et soulage la douleur». La feuille de Chou passait pour souveraine «pour remettre les nerfs» ou «pour un nerf qui saute».
Les entorses
Baigner l’entorse dans une décoction de Lierre grimpant, dans une infusion de feuilles de Noyer, de fleurs de Bouillon blanc ou de Sureau noir, atténue l’inflammation et la douleur. Les feuilles chaudes de Chou, de Lierre grimpant ou de Buis s’appliquent en cataplasme. En friction, on emploie l’alcoolature de Lavande officinale ou la racine de la Grande Consoude. Comme le laisse deviner le nom de la plante, celle-ci aurait également la propriété de ressouder les os.
Les douleurs dentaires
En bain de bouche tiède, l’infusion des fleurs de Guimauve soulage les maux de dents, les abcès buccaux et «décontractent la gencive», en particulier lors de la sortie des dents de sagesse. Adoucissantes, les infusions de fleurs de Mauve calment en gargarisme ou en cataplasme les abcès dentaires. Cultivé pour l’extraction d’huile, le Pavot œillette soulage les maux provoqués par la sortie des dents de sagesse: «Prendre des bains de bouche tièdes avec une décoction de graines de Pavot... Ne pas avaler! ». De même, les vertus narcotiques du Tabac le font employer pour faire passer le mal de dents: «Mâchouiller une chique de Tabac».
«Faire tomber la fièvre»
De nombreuses espèces fébrifuges sont connues. L’infusion de fleurs de Bourrache officinale «fait suer abondamment» et passe pour souveraine «pour toutes les fièvres». Parmi les principaux remèdes sudorifiques, on compte aussi l’infusion de sommités fleuries de Reine des prés, ainsi que les bains de vapeur de fleurs de Sureau noir. L’infusion de fleurs de Petite Centaurée est d’un emploi fréquent: «On disait que ça coupait la fièvre. C’était vrai! ». Certains assurent de la tisane de Millepertuis perforé «qu’elle fait sortir la fièvre». La Guimauve officinale, seule ou mélangée à des queues de Cerise préalablement décoctées, ainsi qu’à des fleurs de Violette blanche, «aide à guérir la fièvre». D’autres traitements s’ajoutent aux précédents: infusion de feuilles de Frêne, de fleurs et feuilles de Lierre terrestre ou de tiges, fleurs et feuilles de Thym; décoction d’écorce de Bourdaine, de racine de Bardane ou de Valériane.
Pour abaisser la température des enfants, des cataplasmes d’Ail étaient placés sur la plante des pieds. Quant aux adultes, le vin chaud additionné d’un peu d’alcool était consommé «pour faire suer» en cas de fièvre. En effet, un large éventail de plantes sudorifiques complètent l’action des fébrifuges.
Valériane
«Calmer»
L’infusion de fleurs d’Aubépine «calme les nerfs» et permet de «lutter contre l’insomnie». Les racines de Valériane officinale s’utilisent en décoction «pour les états nerveux», notamment auprès des personnes âgées «qui avaient la tremblote», voire dans le cas de «crise de nerfs». Consommée au coucher, la tisane de Tilleul demeure l’une des plus répandues. Les feuilles d’Oranger, procurées en pharmacie ou bien même cueillies sur les arbustes cultivés dans le sud de la Bourgogne, jouissent d’une réputation semblable. En mélange avec des fleurs de Violette, les infusions de fleurs de Coquelicot ont le pouvoir de «faire dormir». Toutefois, cette espèce narcotique s’emploie avec prudence. Préparé avec l’infusion de fleurs de Tilleul, le bain calmait les enfants agités.
Séchage du tilleul
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