La digestion et l’élimination

«Ouvrir l’appétit»
Il est nécessaire «d’ouvrir l’appétit» chez les enfants qui mangent peu, ainsi que chez les personnes âgées, convalescentes ou «faibles». Le plus souvent sont employées des plantes amères aux propriétés apéritives bien connues. Dans certaines contrées calcaires, les hommes récoltaient la racine de Gentiane jaune. Macérée dans du vin blanc, elle était administrée le matin ou avant chaque repas à raison d’un petit verre à liqueur. À cette préparation s’ajoute la liqueur de Germandrée petit-chêne qui lui dispute la renommée de plante apéritive. Le vin de Pêcher est également vanté pour ces mêmes vertus. Parmi les amères, citons encore la Grande Camomille: «La Camomille bien sûr, c’est amer. On prenait ça en apéritif... La Camomille, faut la prendre avant de manger. Faut la démarrer à l’eau froide, on y porte à ébullition à peine... ».

«Digérer»
Les liqueurs président au rang des remèdes digestifs. Elles conjuguent l’utile et l’agréable et se consomment à la dose d’un petit verre après le repas. Elles mettent à l’honneur de nombreuses espèces végétales tant vantées pour leurs vertus médicinales que gustatives. Angélique officinale, Aspérule odorante, Aurône mâle, ou Arquebuse, Genévrier commun, Germandrée petit-chêne, Millepertuis perforé, Nerprun purgatif, Pêcher, Tanaisie commune et Verveine odorante sont largement employés sous forme de vins et liqueurs. Notons que l’Aurône mâle est réputée «pour faire descendre la nourriture, faire digérer, et aussi pour dessoûler»!
La multiplicité des infusions digestives témoignent de la préoccupation majeure qu’est la digestion. La Grande Camomille est en core utilisée de nos jours et cultivée dans de nombreux jardins, comme la Menthe et la Mélisse officinale, toutes deux fort utiles à la digestion. Les fleurs de Millepertuis perforé jouissent de la même notoriété. L’infusion de fleurs de Polygale amer ou de tiges fleuries de Sauge officinale, Romarin, Thym, ou encore Serpolet, sont pareillement usitées pour rétablir le bon fonctionnement de l’estomac. L’infusion de graines de Fenouil apporte un bienfait notable. Quelques uns se procurent à la pharmacie les graines d’Anis vert «pour digérer» et celles d’Anis étoilé pour lutter contre «les ballonnements et les gaz».
L’emploi de certaines plantes condimentaires et alimentaires est préconisé: «Le Cerfeuil, on en met dans les plats, ça aide à digérer». La Doucette, ou Mâche, a la réputation d’être «bonne à l’estomac» et la Mâche des fontaines «d’aider à digérer».

«Pour l’estomac»
Les sommités fleuries de Millepertuis perforé sont tenues en grande estime pour les soins de l’estomac, en infusion, vin, liqueur ou encore macération huileuse. Celleci s’obtient à raison de «5 à 6 branches dans 1 litre d’huile d’Olive pendant un mois. En prendre 2 cuillères à soupe le matin pour l’estomac».
On exalte aussi la vertueuse Grande Camomille aux propriétés stomachiques fort réputées. Il est recommandé de ne pas dépasser la dose de 3 fleurs par infusion.
Le Pissenlit a la réputation de soulager les maux d’estomac, soit en décoction (racines) ou encore en infusion (feuilles). En infusion, les sommités de Serpolet ou de Thym sont stomachiques, tout comme les graines d’Anis. Les fleurs de Sureau noir dissipent les aigreurs d’estomac, ainsi que l’aérophagie. En infusion, la plante entière de Petite Mauve aurait raison des maux d’estomac. Par ailleurs, «la Bourdaine, mon père employait ça pour les acidités de l’estomac. Il avalait du charbon de bois à longueur d’année. Il le réduisait en poudre, puis il le mélangeait à l’eau. Et il l’avalait... Comme vous en avez en pharmacie». Dans le cas d’ulcère de l’estomac, la célèbre Germandrée petit-chêne exercerait une influence heureuse.

«Pour le foie»
La célèbre cure de salade de Pissenlit avait la renommée d’être non seulement dépurative mais aussi «bonne pour le foie». Certains en consomment les feuilles en tisane: «Faire bouillir des feuilles de Pissenlit, laisser refroidir et ajouter du sucre. Boire froid. Quand il fait chaud, on le boit comme du thé, c’est bon à la santé,... c’est pour le foie». Une autre recette est proposée: «Une cuillère à thé de racine de Pissenlit dans un quart de litre d’eau. Laisser macérer une nuit, à froid. Le lendemain, bouillir quelques secondes et laisser refroidir. La tisane se boit refroidie, une demi-tasse avant le petit déjeuner et la deuxième demi-tasse après le petit déjeuner. Le traitement est à suivre au moins quinze jours. Cette tisane s’utilise pour soigner les crises de foie, les maux d’estomac, d’intestin, les éruptions de bouton, l’eczéma. La recette est utilisée de mère en fille depuis des générations! ». D’autres avisent de «mâcher 4 à 5 tiges de Pissenlit dans la journée, la plante fraîche. C’est utilisé pour le foie, l’estomac, les intestins, mais aussi la circulation du sang». Citées pour l’estomac, certaines plantes, comme le Thym et le Serpolet, voient leur champ d’utilisation s’étendre aux affections du foie. Elles sont relayées par les infusions de fleurs d’Achillée millefeuille, de Fumeterre officinale et de Millepertuis perforé. Potentiellement dangereuses, certaines plantes s’emploient avec parcimonie et prudence, telle la Grande Chélidoine «pour le foie et la vésicule biliaire», ou le Liseron des champs «pour ceux qui souffrent du foie». En traitement externe, le Chou se montre encore utile: «Passer au fer à repasser la feuille de Chou pour qu’elle soit bien chaude, et la placer vers le foie».

«Pour l’intestin»
La soyeuse Guimauve officinale traite avec succès les maux d’intestin. Outre les propriétés adoucissantes des fleurs en infusion, les graines sont également réputées émollientes: «Faire tremper les graines toute la nuit sans chauffer. Boire le liquide le matin». La Petite Centaurée rétablit le fonctionnement des intestins: «Elle est récoltée dans les bois, dans les coupes de 2 ou 3 ans, début juillet quand les sommités sont déjà bien épanouies... Elles sont prises en infusion, en tisane, 2 ou 3 tasses par jour, pendant 5 à 6 jours. On renouvelle si besoin. C’est une plante assez commune et réputée... J’ai connu ça par les parents, par la grandmère. En cure de 5 à 6 jours, c’est généralement très efficace». Les macérations de racines de Pissenlit sont encore mentionnées pour soulager les maux d’intestin, tout comme le charbon de bois qui, précise t-on, «protège des ferments». Sur la Côte viticole, il est conseillé de «manger du Réglisse pour les intestins». Sous forme de lavement, les infusions de Mauve se révèlent bénéfiques dans le cas d’inflammation.


La Gentiane jaune.

Les coliques et maux de ventre
Dénommée Brou de Noix, la liqueur de feuille de Noyer passe pour souveraine dans les cas de coliques et de maux de ventre à ce point, dit-on, que «les vieux disaient qu’ils avaient mal au ventre pour avoir leur eau de Noix! ». Il est conseillé de n’en boire qu’un petit verre! La «goutte de Coing», la liqueur de Millepertuis et celle de Tanaisie commune sont également goûtées. Aux enfants étaient préférentiellement administrées les infusions: «On faisait une tisane de Poir’viro (Myrtilles), quand les gosses avaient la colique. On faisait sécher les fruits sur une tôle, puis on les gardait dans un sac». La tisane de Serpolet procurait un soulagement aux enfants qui avaient «mal au ventre». On faisait boire aux bébés qui avaient la colique «une cuillère à café tiède d’une infusion de feuilles de Sauge officinale». Consommés sous forme de tisane, les «Grint’cul» ou cynorhodons, fruits de l’Églantier, endiguent les coliques. Pareillement, agissent les décoctions de racines de Coucou ou Primevère officinale, ainsi que les infusions de fleurs de Grande Camomille. Maître des remèdes en soin externe et appliqué sous forme de cataplasme de feuilles tiédies, le Chou se montre d’un grand bienfait.

La constipation
Mauve et Guimauve officinale sont réputées comme laxatifs doux. Si la première se consomme sous forme de tisane obtenue par l’infusion des fleurs, la seconde s’emploie en lavement préparé à partir de la décoction des racines. Dans le Morvan, l’écorce de Bourdaine, aux propriétés laxatives bien connues, est récoltée et séchée pendant au moins un an. Elle est couramment utilisée en décoction contre la constipation. De même, les racines de Chicorée sauvage sont vantées pour leur action laxative. En macération pendant une nuit ou en décoction pendant une bonne heure, les graines de Lin sont également d’un usage courant. Certains préfèrent «cuire du Son et boire l’eau de cuisson». Diverses compositions médicinales conjuguent les qualités de plusieurs espèces: «Faire bouillir ensemble des racines de Chiendent, des grains d’Orge, du bois de Réglisse et des graines de Lin. En boire un jour sur deux... C’est pas bon au goût! ». Une autre pratique consiste à «faire un bouillon de Pruneaux, de Figues et d’une poignée de Seigle bien lavé». On incite encore à la consommation de Framboises, Oseille des jardins, Pissenlit, Mâche des fontaines, Petit Cresson des sources ou bien de Pruneaux.
Si la consommation des tiges cuites de la Rhubarbe est connue pour son effet laxatif, la préparation obtenue à partir de l’infusion de ses racines reste plus discrète, vu la toxicité de la plante. En effet, «pendant la guerre, il y a des gens qui ont voulu manger les feuilles, ils en sont morts». Aux «gens très constipés», était proposé le recours à la Mercuriale vivace dont les seules fumigations en bain de siège exercent une influence remarquable: «La décoction de Mercuriale sur le seau hygiénique... on allait sur le seau, c’était la vapeur qui était émolliente. C’est le traitement d’une dame née en 1834! ». Autre «purgatif violent» contre la constipation, le Liseron des champs s’emploie à raison «d’une tasse en infusion le soir, à boire après du bouillon de légume». Pour enrayer la constipation des bébés, «on mettait une tige de Persil dans le derrière des bébés et ça leur déclenchait les selles».


La mélisse.

Les purgatifs
«On se purgeait deux fois par an, au printemps et à l’automne. Il faut une cuillère à café d’écorce de Pian noir (Bourdaine) pour une tasse. On met du sucre pour le boire, le matin à jeun. » Les décoctions de Capillaire, de feuilles de Livèche officinale ou encore de racines de Pissenlit sont réputées purgatives, tout comme le Nerprun purgatif, nommé à dessein.

La diarrhée
Les qualités de la Carotte sont mises à profit pour mettre un frein aux coliques: «Pour les bébés, on coupe le lait des biberons avec l’eau de cuisson des Carottes». Pour les plus grands, il faut «récolter l’eau de cuisson et en boire en petite quantité au cours de la journée. Continuer pendant deux ou trois jours si besoin». L’infusion de Pensée sauvage se prête aussi aux soins antidiarrhéiques prodigués aux nourrissons. Ingéré sous forme de gelée ou bien de décoction, l’Églantier occupe une place privilégiée dans ces traitements: «Prendre les fruits de l’Églantier, les “gratt’cul”, le long des haies, quand ils sont mûrs. Même secs, ils gardent leurs propriétés. Faire bouillir les fruits jusqu’à cuisson et boire le bouillon sucré». Par ailleurs, plusieurs tasses d’eau de cuisson du Riz rétablissent un transit normal.
Les vertus antidiarrhéiques du Cognassier étaient estimées. Les cuisinières conservaient les parties du fruit non utilisé lors de la fabrication des gelées: «Faire bouillir des trognons de Coing séché avec les pépins, qu’on gardait dans une boîte en fer. Boire la tisane». Certaines y substituaient les épluchures de Coing.
Les fleurs de Reine des prés en infusion, ainsi que l’écorce du Prunellier en décoction, produisent des effets médicinaux notables.

Les oxyures, vers et ténias
Les qualités vermifuges de l’Ail l’ont communément fait prescrire contre les oxyures et les vers. L’Ail était porté en collier, composé de gousses épluchées et enfilées sur une cordelette. On consommait encore les gousses macérées dans du lait pendant une nuit, bue à jeun le matin. Les graines de Cucurbitacées du jardin, Courge ou Potiron, constituaient le remède classique des infestations de l’intestin par les vers ou oxyures. Le plus souvent enrobées de miel, les graines décortiquées étaient ingérées le matin à jeun. Également consommée à jeun, la décoction de rhizome de Fougère mâle permettait de se débarrasser du ténia, tout comme l’infusion de feuille de Serpolet des oxyures.

«Pour les reins»
La Reine des prés brille par l’étendue de ses pouvoirs thérapeutiques et notamment par ses dispositions à rétablir les fonctions rénales. On l’emploie avec succès pour les «reins bloqués» et autres «maux de reins». La tisane de stigmate de Maïs présente un effet diurétique similaire. Sont encore recommandées «pour les reins» la décoction de feuilles de Frêne, l’infusion de Prêle des champs ou celle d’Avoine. «La paille d’Avoine, c’est pour les reins. Le docteur nous disait: “Prenez de la paille d’Avoine pour les reins”... C’était pour uriner, j’avais eu un problème après un accident. » Pour la rétention d’urine, «on fait infuser une pincée de queues de Cerises aigres. En faire une cure de 15 jours généralement au printemps et en automne. Et en prendre une tasse à jeun le matin et une tasse au coucher». Des précautions sont requises: «Les queues de Cerises séchées, c’est pour faire pisser. Mais, ça force sur la vessie, c’est pas pour la prostate». Néanmoins, la médication la plus usitée en cas de rétention d’urine semble la décoction de rhizome de Chiendent. Pour soigner les calculs rénaux, était indiquée la décoction de feuilles de Frêne.

La prostate
Le rhizome de Chiendent en décoction est le remède classique de la prostate. La décoction des feuilles de Frêne aurait par ailleurs une action bienfaisante.

Les infections urinaires
La Reine des prés traite les infections urinaires, ainsi que les cystites (infusion des sommités fleuries). Le Chiendent soulage les inflammations de la vessie. Observé pendant 5 à 6 jours, le traitement de 2 à 3 tasses quotidiennes d’infusion des sommités fleuries de Petite Centaurée rétablirait le fonctionnement de la vessie. L’infusion de pédoncule de Cerise pour combattre les cystites est attestée.

Le pipi au lit
De la région de Mâcon nous a été transmise la recette suivante par une religieuse dont la communauté fabriquait diverses préparations médicales: «Faire tremper les baies d’Églantier la veille dans très peu d’eau. Faire cuire jusqu’à consistance épaisse en remuant constamment. Environ 7 heures. Passer au tamis fin et mettre en pot. En prendre une cuillerée à café le matin à jeun et une le soir au coucher. Délicieux au goût et efficace».

Galerie photo

  • Menthe
  • Salicaire
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