Le répertoire des remèdes

 
[Ce chapitre ne prétend aucunement au guide médical. Nous renvoyons entre autres aux manuels de phytothérapie les lecteurs désireux de connaître les traitements médicinaux appropriés aux diverses pathologies. ]

Les représentations culturelles du corps influent sur la perception des maladies et des remèdes. Le plus communément, les informateurs regroupent les parties du corps selon les principales fonctions biologiques. Tout d’abord, ils accordent une large place à la respiration, «poitrine», siège des «poumons» et des «bronches». En effet, la population rurale est exposée aux affections, tels que «refroidissements» et «coups de froid». Par ailleurs, la digestion, transformation des aliments et élimination des déchets, est considérée avec la plus grande attention. Elle associe «le ventre», «l’estomac», «le foie», «les intestins», «les reins» et «la vessie». Tant la gestion de l’air au niveau de la «poitrine», que la gestion de l’aliment, au niveau du «ventre» constituent les principales fonctions vitales. De fait, elles sont l’objet de nombreuses pratiques préventives et curatives. L’état de «bonne santé» est perçu comme le fonctionnement harmonieux des flux, qu’ils soient sanguins ou excrétoires (urine, matières, catarrhe, sueur,...) [Comme le note Schall (1984), «La maladie est pensée comme provenant d’un déséquilibre du flux sanguin, que ce soit au niveau de sa composition, ou encore de sa vitalité, de sa circulation. Aussi, poursuit l’auteur, les pharmacopées végétales doivent activer les flux ouverts, stimuler les sécrétions ou les excrétions s’écoulant par les orifices naturels: dépuratifs, purgatifs, emménagogues, diurétiques, sudorifiques»]. Cette conception populaire sous-tend les principaux fondements de la pharmacopée végétale.
Les saignées, purgatifs et dépuratifs permettent de maintenir la qualité du sang, liquide vital assimilé à «l’énergie» et «la force» de l’individu. Les diurétiques, sudoriques et cataplasmes externes auront notamment pour but de rétablir la circulation des flux aqueux: «reins ou vessie bloqués», «rétention d’eau», «œdème» ou «douleurs». Divers expectorants seront recherchés «pour expulser les catarrhes des voies respiratoires»... Autant d’interventions motivées par une vision mécaniste du corps, dans laquelle le rôle des émonctoires est prépondérant. L’équilibre est constamment recherché entre l’assimilation et l’élimination des aliments et de l’air. Les flux de sang, d’eau, de matières et d’air sont considérés avec attention. Peau, poumons, reins et intestins forment les principaux émonctoires. Ils sont le lieu de manifestation de divers symptômes. Ceuxci embrassent les troubles dermatologiques («boutons», «furoncles», «eczéma»), respiratoires («grippe», «état catarrhaux», «inflammation pulmonaire», «rhume», «pneumonie»), rénaux et urinaires («néphrite», «albuminurie», «œdèmes», «cystites»,...) et digestifs («ballonnements», «constipation», «diarrhée», «coliques», «colites»). On distingue d’autres émonctoires d’ordre secondaire, tel le foie («crise de foie»), les diverses glandes mammaires («abcès au sein») ou lacrymales («orgelet» et «conjonctivite»), ou encore l’utérus («pertes blanches»). Si besoin, des émonctoires articiels seront provoqués, soit par la saignée, soit par les sétons, abcès de fixation.
Les remèdes fébrifuges, sudorifiques, diurétiques et expectorants joueront également un rôle important. Les soins stimulants et fortifiants compléteront ces dispositifs, participant ainsi à la bonne gestion des flux corporels. La vision populaire du corps s’appuie donc sur une compréhension du corps essentiellement mécaniste.
D’autres parties du corps reçoivent des soins spécifiques. Ainsi, la tête est-elle très sensible à l’influence des températures extrêmes. En cas de fort soleil ou de grand froid, elle sera couverte. De même, les reins seront particulièrement protégés du froid pour échapper «au refroidissement». Autre extrémité sensible du corps, la plante des pieds, jugée perméable, sera le siège d’application de cataplasme d’Ail comme fébrifuge ou bien de Moutarde comme révulsif.

Les maux du corps et leurs remèdes sont regroupés ci-dessous d’après les conceptions populaires. Celles-ci ordonnent les organes, les fonctions et les pathologies selon des logiques propres. Il s’agit là de témoignages de pratiques locales, dont la présentation proposée se veut la plus fidèle transcription de l’organisation populaire des maladies et des remèdes.

Contributions

Il n'y a actuellement aucune contribution.

Contribuer

Ajoutez une ou plusieur images (maximum : 5)